En vrac, dans le désordre

samedi 22 janvier 2011

Les écrivains public sonore




1997, philippe Vaernewyck : textes, voix, richard Cuvillier: musique, mixage,
intervention dans un lieu public, une sorte de petit studio ambulant où chacun avait la possibilité d'enregistrer un message, en énonçant dés le départ son destinataire, choisissant un des thèmes proposés comme accompagnement, remixé en direct, une cassette était remise à l'intéressé*, sous enveloppe, à l'issue de la séance , libre à lui* de jouer le jeu ou pas(nous n'avions pas l'idée ni l'opportunité d'un financement des envois),
ci-joint certains des accompagnements proposés,  ceux-ci ayant été réalisés en une seule prise pour chacun, un thème trouvé(autour de l'idée de s'adresser), un temps de réflexion et de préparation n'excédant pas la demie heure, et hop on se lance; beaucoup d'émotions à la fabrication et à l'application
*je n'estime pas nécessaire de noter un féminin potentiel je parle ici d'humain tout simplement




DANS LE VELOURS
Encore Encore Le repos sans se reposer, le connaître Vouloir entendre une stupeur et se faire avoir à l'intérieur, dans l'intérieur, de... Et soudain, un lent soudain, de là à là : Le simple tout coule de source écoutable à merci Entre la quiétude et ces quelques arbres Le sourire audible des feuilles. Chaussures délacées, une ceinture desserrée, agrafe de soutien gorge défait, cravate dénouée, entre la quiétude et ces quelques arbres, je suis un évadé, je dors je dors je dors je dors, et un refrain écoutable à merci : Et soudain, soudain lent? Les simples tout coule de source. Je dors. Ça vient...ça démarre comme-ça : ta chair paisible Ça vient...ça démarre comme-ça : ta chair paisible Me voici à mon insu, absorbé L'intervalle Je dors. Ta chair paisible à merci Et un refrain écoutable à merci. Ça vient..ça démarre comme-ça De venues, ça vient, des venues La demeure des venues. Merci à Pessoa.


A LA CANTONADE
Voilà les sensations d'oscar.
-Gabrielle, Annie, Damien, Gérard, Cécile, Fabienne, égal un visage. -Sophie, Jean-Marc, Valérie, Sabine, égal un visage. Oscar est au milieu.
-Christiane, Élisabeth, Dominique, Agnès, Thérèse, toutes des filles, égal un visage Oscar est au milieu, pourrait bien faire ses courses.
Toutes ces mains posées sur les barres rouges des caddies, les poussant par les entrées, par les sorties, par les caisses, s'arrêtent au milieu des allées
-Marylin, Catherine, Jean-Noël, Jean-Marc, Doudou, Josette, égal un visage avec Catherine, Jean-Paul, Charles, Antoine et Paul.
Allo¶, allo¶, ici Oscar, répondez, répondez.
Chaque visage, dans chaque voiture, dans chaque parking s'estompait. Les lui, se mêlaient aux autres. Noémie, elles s'appellent toutes Noémie ou encore Ghislaine, parfois même
Martine, ou encore Djamilla. Ils s'appellent tous Albert ou Émile, jusqu'à Gaston, ainsi que des Peter, des Blaise. Tout cela passe et sort, et entre et quitte et revient.
Allo¶, allo¶, ici Oscar répondez, répondez.
-Paris, Vienne, Los Angeles, La mer de la Désolation, Mexico.


POUR TUER LE TEMPS
Tu distribues et comme-ça je pourrais. -ça commence par P et ça finit par E, .ça a plusieurs lettres.
Ah... bon... -8.
-Entre le P et le E, il y a 6 lettres.
-8 en tout. En bas à droite, bien en évidence...évidence...en bas à droite tu trouveras, sinon cherche...
-Non, pas de Q au milieu.
-En consonne il y a N en tout cas. Ils arrivent quand?
Qui? Qui arrivent quand?
Oui par P et par E...à la fin. Ah... bon...
Il pleut et il pleut pas. Il pleut peut-être pas. Il pleut et il pleut peut-être pas. Je n’ai jamais pu franchir le pas. Le gué
Et puis encore, il y a un T. Tu distribues et comme-ça je pourrais.




Tambour-Battant.
- Je t’aime, je t’adore, c’est comme-ça, on y peut rien, on s’aime, c’est l’amour. - T’es con, t’es bête, t’es nul t’es stupide, je préfère te le dire, comme ça tu sais. - Je sais je sais, enfin je sais pas, que ça soit clair, c’est comme-ça, j’hésite c’est tout. Comme ça! c’est, comme ça! les opinions! Ça avance, ça avance, ça tarde pas, ça avance, ça tarde pas.
--»Deux ans, plus de deux ans et regarde comment l’enthousiasme a cédé le pas au sens du devoir. Mieux! à la sensation de l’accomplissement. Le froid, la neige, la glace, les engelures, les chaleurs malsaines des tropiques, de l’équateur, tout cela nous armait contre la dureté de l’effort qui était palpable, on avançait, les kilomètres se comptaient, il y avait des collègues à encourager, il y avait tout, tout ce qui fait que l’espoir existe, qu’il est vivant. Quand ça devenait trop pénible, qu’on souffrait, il y avait toujours une compassion sur un visage, et dans le regard d’un autre, l’éclat suffisant pour oublier que l’espoir n’est pas invincible. Nous voilà retranchés à plus de quatre heures de marche du camp de base, dans ce pays ni froid, ni humide, ni sec, ni chaud, Pierre a dit «campons dans cette clairière», et personne n’a demandé, n’a même envisagé le jour du prochain départ, pourquoi?»
--»Oui , pourquoi?» --»Parce que c’est la fin.» --»Alors c’est imminent?» --»Personne ne sait ce qui peut survenir ces prochaines heures.»


QUESTION DE PRINCIPE
C’est pas, écoute-moi bien, écoute moi bien s’il te plaît écoute moi bien, c’est pas, tu m’écoutes, c’est pas parce que,- la tête, montre moi la tête, la tête montre la moi, c’est pas et c’est vraiment pas ...- tu m’entends, tu m’entends, j’ai bien dit c’est vraiment pas, vraiment pas, vraiment souligné deux fois, pas pas souligné, - la vérité, tu t’y connais en vérité?- donc c’est pas parce que tu vas pas ici que tu iras jamais là-bas. Et même, et ça il te faut le comprendre -comprendre, prendre avec, comprendre quoi!! Donc et même si jamais, parce que tu aurais toujours été là-bas, tu n’aurais jamais pu aller ici (tiens il est marqué hésitation entre parenthèses), que ça veut dire que tu aurais réussi, même seulement que tu aurais pu peut-être réussir, ah ça non : et même non, c’est pas sûr : c’est une question de principe.


DE LA NATURE...
Si, des genoux, on part vers le bas, on arrive forcément à la touche des pieds sur le sol... mais les semelles... les semelles...
Le caoutchouc vient d’un arbre appelé caoutchouc.
Le cuir, quant à lui vient d’une bête, nommée sous différents noms, par exemple : bison, vache, serpent, crocodile, agneau...
Certaines paissent dans les prés. D’autres nous renvoient à notre passé d’amphibiens. Juste au début : «Prévenez-moi quand ça commence!» BOUM. pas BOUM BOUM. BOUM. Seulement BOUM. BOUM. La nature est incertaine. Peut-être BOUM. Mais là voilà, elle arrive :
La pente de la colline s’affale doucement dans le prés, prés du pont de vieilles pierres; l’arche laisse apercevoir, au-dessus de l’eau qu’elle enjambe, dans le bout de ciel qu’elle cerne, un clocher. Il laisse emporter par le vent ces sons si graves qui disent les présences : hommes, femmes, enfants, filles et garçons.
Des hurlements. Voilà ce que les enfants, filles et garçons, font et provoquent quand ils naissent.
et puis ça cause..., ça cause, ça cause...il y a de la causerie, de la causerie qui cause. Il y a de la causerie qui cause. La causerie cause. Causerie cause.


ENTRE 2 CHAISES
Par exemple, on se voit se frotter les mains et quelques chose nous vient, malgré nous, et commence comme-ça : "est-ce que j'ai froid?
En fait, on ne sait pas vraiment y répondre autrement que par puisque je me pose la question, ne serait-ce pas que je commence à avoir froid, et que, si je ne le sens pas maintenant, je le sentirai tout à l'heure et qu'alors il me sera plus difficile de me réchauffer et donc je ferais mieux d'endosser un pull dans l'immédiat. Mais alors..
-"Tu dis ça, tout ça, franchement?" -"Je ne sais pas. Mais c'est possible..." -"Mais c'est pas sûr?"
-"Ta dernière question est trop forte."-
Mais alors    on se demande    si    on doit se soumettre à nos sensations... Enfin bref, quelles réalités?
-J'ai froid parce que je me demandais si j'avais froid parce que je me voyais en train de frotter mes mains. -Ou bien je me frottais les mains parce que j'avais froid et que trop accaparé par ailleurs, je ne m'en rendais pas compte.
Dans quelle phrase suis-je?
Je n'ai plus froid ou j'ai mis mon pull sans le savoir. Même si plus tard, un peu plus tard, on se souvient que je m'étais posé la question et des sensations, et du froid, et de la chaleur, et de mon pull, et de mes mains frottées.
-"Tu dis ça, tout ça, franchement?" -"Je ne sais pas. Mais c'est possible..." -"Mais c'est pas sûr?"
-"Ta dernière question est trop forte."-